Jeux de rôles et simulation : un dispositif innovant pour renforcer la formation et la pratique de l’entretien clinique

Jeudi 27 novembre 2025, les étudiantes et étudiants du master Psychopathologie de la Cognition et des Interactions (PCI) de la mention PCPPS ont quitté un instant les salles de cours pour plonger dans une situation bien plus proche du terrain : une série de jeux de rôles cliniques imaginés par Romain Guillot, psychologue clinicien-psychothérapeute, expert auprès de la cour d’appel de Nancy et enseignant-vacataire depuis quatorze ans.

Depuis trois ans maintenant, ce dispositif immersif permet à la clinique de « s’inviter à l’université » et offre aux futurs psychologues un aperçu concret de leur métier.

Quand la pratique clinique s’invite à l’université

Dans une profession où « l’aisance relationnelle se pratique plus qu’elle ne s’apprend », rappelle Romain Guillot, les étudiants se heurtent souvent à la peur de l’erreur, notamment en stage. L’objectif de ces simulations est clair : s’autoriser à faire des erreurs ici pour les éviter plus tard et acquérir des automatismes solides et maîtriser les techniques de l’entretien clinique.

Une immersion clinique portée par 33 professionnels

Cette année, 32 psychologues et un psychiatre, venus de Metz, Nancy, Paris ou encore Épinal, ont prêté main-forte à l’exercice. Beaucoup sont d’anciens étudiants du master, soucieux de maintenir un lien avec l’université.

Pour eux, l’intérêt est double. D’une part, il s’agit de transmettre, maintenir un lien durable avec le master et aider les étudiants à entrer en clinique. D’autre part, cet exercice leur permet de se décaler, en se mettant à la place d’un patient, ce qui affine leur propre regard professionnel.

Parmi les intervenants, Tiffany Stephenne, psychologue spécialisée en neuropsychologie et ancienne étudiante du parcours PCI, prépare chaque année deux scenari cliniques inspirés de la réalité. Cette participation lui permet non seulement d’accompagner la nouvelle génération, mais aussi d’observer les étudiants qu’elle accueillera en stage dès janvier. Pour la neuropsychologue, cette mise en situation permet également d’obtenir un regard neuf sur des cas cliniques auxquels elle peut être confrontée.

Un dispositif pensé pour deux niveaux d’apprentissage

Ce dispositif a été créé pour les étudiantes et étudiants des deux années de master PCI, en tenant compte des acquis et compétences de chacun. Les professionnels présents ont donc préparé deux profils de patients, un pour chaque niveau de master.

Pour les étudiant·e·s de M1 : explorer, comprendre, diagnostiquer
Les étudiants de première année de master débutent leur parcours clinique. Le jeu de rôles vise donc à les familiariser avec la prise de contact, l’entretien d’anamnèse et clinique et le retour fait au patient.

Pour les étudiant·e·s de M2 : pratiquer l’entretien psychothérapique
Les M2, plus expérimentés, travaillent une dimension supplémentaire : la relation thérapeutique afin de perfectionner et acquérir des automatismes dans la conduite d’un entretien psychothérapique.

Le ressenti des étudiants : entre stress et apprentissage

De leur côté, les M1 et M2 ne découvrent pas l’exercice, puisqu’ils ont déjà expérimenté les jeux de rôles en cours, mais ils redoutent la rencontre avec un professionnel. Étudiante en M1, Christina, explique qu’en ce début d’année universitaire, elle a le sentiment d’avoir trouvé sa place mais ne se projette pas encore. Les professionnels sont perçus comme une figure « d’aboutissement » à laquelle prétendent les étudiants. « C’est ce qui rend l’exercice stressant ».

Néanmoins, malgré le stress, ils ont bien conscience de l’intérêt de cette rencontre. Selon Antonin, étudiant en M2 qui participe pour la deuxième année consécutive, ce cadre de jeu de rôles les « aide à structurer leur démarche clinique et à acquérir des automatismes. »

Un pont entre formation et pratique

Tous les protagonistes de la soirée s’accordent sur la valeur et l’intérêt de ce dispositif. Il offre un environnement sécurisant, accompagné et réaliste. Cette initiative apporte un souffle clinique dans les enseignements universitaires et prépare les futurs psychologues à entrer en stage et en pratique avec plus d’assurance.

L’objectif ultime, partagé par les enseignants comme les professionnels : construire une génération de psychologues confiants, curieux et mieux préparés à la réalité du terrain.